Les clandestins
Le drame des clandestins Maroc-Espagne (Ceuta,Melilla) nous inspire la réflexion suivante :
La misère, le chômage et l’insécurité sévissant en Afrique, la grande majorité de nos populations (surtout les jeunes) se sent de plus en plus attirée vers l’Occident.
En effet, ces pays sont vus comme un Eldorado par les pauvres d’Afrique, populations sans espoir dans leurs propres pays. Dans la plupart des pays africains, les tenants du pouvoir politique brillent par leurs égoïsmes. Egoïsme transparant à travers les écarts entre les avantages, les émoluments faramineux des gouvernants et les salaires modiques, les conditions de vie misérables de leurs administrés. Cas plus que visibles en RD Congo notamment où les jeunes écoliers du réseau public n’ont pas repris le chemin de l’école depuis la rentrée de Septembre, pour cause de grève des enseignants.
Les hommes au pouvoir s’illustrent également par leur incompétence. Sur ce point précis, nous pouvons noter la ruine des sociétés prospères héritées de la colonisation, l’effondrement des systèmes économiques qui ont fait la fierté de leurs pays : Zimbabwe, Côte d’Ivoire, Congo démocratique, …
Ils montrent enfin une inconscience étonnante : face au drame à répétition entre le Maroc et l’Espagne, alors qu’il y a eu mort d’hommes, les Gouvernements occidentaux se réunissent (les Ministres de l’Intérieur) tandis que ceux des pays africains gardent un mutisme coupable soulignant le peu de souci qu’ils ont de la vie des ressortissants hors et dans leurs pays respectifs.
Par ailleurs, l’on pourrait être tenté d’appuyer les motivations des gouvernements occidentaux face à ce phénomène : un des leurs (Espagne), la sécurité et le travail des leurs populations sont concernés directement par le flux des envahisseurs.
Mais que les Européens ne se trompent pas. Ils sont en partie responsables de la situation. Pendant plusieurs décennies, ils ont hissé et maintenu au pouvoir des hommes impopulaires, incompétents et sanguinaires. Ils ont exacerbé les sentiments tribalo-ethniques facteurs des divisions déchirant encore aujourd’hui certaines contrées en Afrique : Soudan, Somalie, Congo (Katanga-Kasaï), Rwanda, Burundi,…
En outre, les entreprises occidentales (multinationales) écument les mers, le ciel et le sol africain jusqu’à ces jours pour le bien des populations vivant dans une opulence sans partage et sont à la base de certains troubles parmi les populations : drame des Ogoni au Nigeria, des populations tchadiennes,… avec l’exploitation pétrolifère. Dans La tierce église est là, WALBERT BULMANN, un prêtre allemand, avait prévenu les nations occidentales à ce propos. Il est donc temps que les européens comprennent que le bonheur solitaire n’existe pas. Un riche entouré des pauvres courra toujours le danger d’être pris d’assaut par ses voisins.
Et tant que les guerres et la pauvreté continueront à miner le pouvoir d’achat et la sécurité des populations africaines, le drame de l’immigration clandestine continuera à hanter les nations occidentales. Des flux de plus en plus massifs envahiront toujours l’Occident.
Et l’Europe "sarcoziste" veut verrouiller ses frontières en réunissant ses ministres de l’Intérieur au lieu de penser à un plan Marshall pour venir en aide aux populations de plus en plus réduites à vivre d’expédients par une mondialisation sourde aux cris de détresse de toute la jeunesse du continent.
Et l’Occident "francophoniste" se complaît en rencontres intergouvernementales pour le maintien d’un ordre d’exploitation, multiplie les formules tonitruantes (ajustement structurel, dialogue nord-sud, dialogue sud-sud, lusophonie, bonne gouvernance, démocratisation,…) pour mieux laminer les espoirs africains pour des lendemains meilleurs.
En effet, malgré les discours tonitruants du genre de La Baule, la jeunesse africaine voit son avenir s’obscurcir et toutes les perspectives se boucher malgré son talent, sa créativité, ses diplômes, les potentialités de sa terre.
Alors, il y a lieu de se demander combien de drames faut-il encore aujourd’hui pour faire cesser cette cécité entêtée face aux drames qui se multiplient ?
L’Afrique compte aujourd’hui de nombreuses victimes de "l’immigration-fuite" devant une misère de plus en plus inhumaine : des jeunes qui meurent écrasés dans les cavités des pneus d’avions, des familles qui se noient dans des embarcations de fortune d’un autre âge, des sans-papiers qui squattent des immeubles insalubres, des expulsés abandonnés en plein désert sans ration conséquente, des désespérés qui s’exposent aux balles des troupes venues les repousser. Troupes dont ils n’ignoraient pourtant pas les motivations, la détermination et l’armement avant de se risquer à escalader les barrières.
Jean MUPEPE MUTALA-MUNU Liona,
Kikwit / RDC.