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Famille Bitulu
29 septembre 2005

Retour à la case initiale

Année blanche = élections blanches !!!

C'est par ce cri que les enseignants réunis en assemblée générale à Notre-Dame du Congo le lundi 26 septembre 2005 se sont séparés. Sur les calicots que certains exhibaient on pouvait lire des menaces telles que : "Bemba joue avec le feu", "Mbudi ou rien".

Ce dernier cri était une réponse à la proposition faite par le gouvernement de payer au huissier de Kinshasa 20.516 FC (classe 35) tandis qu'au directeur, on propose 43.686 FC (classe 14). Pour l'intérieur, Lubumbashi aurait respectivement 9.000 FC tandis que le reste des provinces 6.000 FC.

La réponse du gouvernement est venue avec le compte-rendu de la réunion extraordinaire du conseil des ministres tenue ce mercredi 28 septembre 2005 à la cité de l’Union Africaine.

Le rapport de la Commission chargée des négociations avec les enseignants entendu, le gouvernement se dit étonné du revirement des syndicats SYECO et SYNECAT et a pris des mesures allant dans le sens d’une intimidation et d’une opération de charme envers les parents.

Il n’est pas normal qu’on demande aux parents de laisser aller les enfants à l’école puisque des mesures de sécurisation ont été prises. On sait ce que cela veut dire, la sécurisation de la part du gouvernement. Un incident est vite arrivé, et le parent se retrouvera avec un enfant en moins tandis que le délinquant qui l’a tué disparaîtra dans la nature. Il faudra des lustres pour obtenir un cercueil de l’Hôtel de Ville et des frais d’enterrement de la Présidence !!!

Non, aucun parent responsable n’écoute plus les radotages du gouvernement.

Même quand le gouvernement ouvre la brèche pour des arrangements particuliers entre partenaires pour une meilleure gestion des écoles, il faudra qu’un nouvel arrêté rassure les responsables des écoles pour toucher l’argent des parents.

C’est le retour à la case de départ que le président de l’association des parents des élèves catholiques préconisait déjà hier au micro d’une radio de Kinshasa. Mais ce qui n’est pas juste dans ce retour, c’est l’inégalité des frais fixés selon les humeurs des responsables d’école.

Ce qui n’est pas juste également, c’est le refus du gouvernement d’appliquer les accords datant de plus d’un an. A quand le premier palier sera d’application pour espérer en finir dans un laps de temps raisonnable ? En plus, la requête des enseignants sur l’uniformisation du statut de l’enseignant sur toute l’étendue du territoire nationale est-elle si irréfléchie pour qu’on revienne avec des salaires scindés en pools économiques ?

Une dame du Parlement a avoué hier au micro de la même radio ne pas croire dans le mensonge du gouvernement et son manque de bonne foi. Aucune parole donnée par le gouvernement n’a été prise au sérieux : les magistrats en savent quelque chose !

Madame a poursuivant en disant qu’elle était prête à partager les salaires des gagne-gros du gouvernement et de l’espace présidentiel, voire du parlement et du sénat, pour permettre à chacun de jouir justement du revenu national, solidarité oblige ! Je l’aurais embrassée, la brave maman. Elle a parlé comme une dame de cœur et non comme ce politicien maladroit qui, tout en siégeant au parlement, clamais que les enseignants n’avaient pas à leur envier d’avoir des jeeps qu’ils ont payé avec leurs indemnités de sortie en partie. Lui, on peut lui payer les indemnités de sortie pendant qu’il est en fonction tandis que l’enseignant doit grever en septembre pour se voir payé ses 3 $ de salaire net à payer des mois de juillet et août !!! (Authentique tout cela !)

Le président du groupe parlementaire du PPRD, le parti du chef de l’Etat, reconnaît que le gouvernement doit assurer un salaire décent mais avec la collaboration des partenaires financiers externes qui exercent trop de pression sur le gouvernement. J’étais tenté de me moquer de ces pressions qui permettent l’acquisition de tant de biens meubles et immeubles en un temps si record par les membres du gouvernement. La RVA serait devenue propriété de Kabila et consorts si les agents n’avaient pas vite saisi les enjeux de leur licenciements massifs.

Pour finir ses propos, Babi Mbaya, puisque c’est de lui qu’il s’agit, conseille au gouvernement de parler un même langage au lieu d’étaler ses discordances internes en reniant les signatures des vices-présidents et en évoquant des demandes de pardon, des pratiques réservées à l’église.

Le Syndicat national des Enseignants Catholiques, par la bouche de son président réfute l’accusation de vouloir cautionner une année blanche. Selon lui, pareille diabolisation ne serait pas honnête quand on connaît les sacrifices consentis par les enseignants durant ces deux décennies pour défendre notre système éducatif.

C’est dans un contexte de blocage pareil à celui-ci que l’idée était venu aux intellectuels catholiques de proposer aux parents de faire échec aux manœuvres dilatoires des gouvernants afin de sauver l’éducation nationale. La motivation des parents était intervenue comme une mesure salutaire. Elle l’est encore aujourd’hui en dépit de tous les ratés connus car personne ne responsable ne peut accepter de prendre la craie pour un salaire de faim comme celui que propose l’Etat. Préparer les leçons, les dispenser, corriger les travaux des élèves pour sortir ces jeunes êtres de la nuit de l’ignorance et leur permettre un avenir radieux, ce travail que nous appelons affectueusement apostolat mérite bien les deux ou trois cents dollars que les parents consentent de payer pour leur enfant.

La bonne prise en charge des enseignants permettrait aux parents de récupérer leurs capitaux pour les affecter ailleurs et un effet d’entraînement ne manquerait pas de se produire dans tous les secteurs de la vie. Si l’Etat cherchait réellement les voies et moyen d’aller aux élections dans un climat serein, il devrait prendre au sérieux les revendications des enseignants et organiser ce secteur si névralgique. Déverser cette jeunesse dans les rues en la privant de scolarité sera une grave gaffe que les financiers du processus électoral commettraient en abandonnant leurs poulains aller à leurs humeurs.

Les enseignants n’ont cure de menaces. Ce n’est pas un d’eux qui mettrait en péril la vie d’un enfant qu’il chérit en lui donnant cours, mais bien tous ceux qui ont raté leur scolarité et qui en veulent à ceux qui veulent s’y essayer. Et ceux-là, l’Etat n’a aucune mesure efficace contre eux car on les voit encombrer nos rues et carrefours à longueur de journée, dévalisant qui ils veulent, éliminant qui leur résiste à coup d’arme à feu ou autre. Les Ronds points Ngaba, Victoire, les marchés et autres leur servent d’abri et de logis, ils opèrent au grand jour et collaborent avec les hommes en uniforme. L’enseignant le sait, il le voit et refuse d’exposer la vie des enfants d’autrui et les siens propres à pareille dégradation.

Après cet aveu d’impuissance, signez-nous l’arrêté et nous reprendrons la craie semble crier les enseignants qui tiennent à sauver ce qui peut l’être encore. Ce n’est ni d’année blanche ni de misère que l’enseignant a peur ; c’est sa passion pour son métier qui le pousse à négocier le retour à une seule condition, un salaire décent, peu importe le mécanisme : SECOPE ou parents !

Alphonse-Marie Bitulu

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Commentaires
P
Cher Alphonse,<br /> <br /> Mon admiration est grande à la lecture de cet article puissant, refermant tant de vérités sur la situation scolaire et, par extension, de celle du pays. Merci de nous faire partager votre quotidien à nous qui résidons si loin de laterre de nos ancêtres. Merci cher alphonse-Marie.
Famille Bitulu
  • Je suis éducateur et formateur de carrière et de profession. Mon épouse m'accompagne dans ce métier et nous aimerions partager notre expérience et notre foi avec ceux qui nous liront. Les remarques et autres suggestions nous aideront à améliorer et enrichi
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